Superman : décollage en demi-teinte pour le DCU
- Julien Del Percio
- 11 juil.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 5 jours

Il y a maintenant douze ans, Zack Snyder ressuscitait le héros à la cape rouge pour le passer à la moulinette de son esthétique. Sombre, épique, torturé, l’imparfait Man of Steel cristallisait une vision du super-héros en phase avec notre époque méfiante et grisâtre, où le comics se devait d’être appréhendé avec un sérieux papal. Tout l’inverse de ce nouveau Superman de James Gunn, qui inaugure avec générosité une nouvelle ère bariolée et cartoonesque, où les tonalités flashys, les costumes pimpants et les monstres géants retrouvent le fier halo des projecteurs.
Et pourquoi pas ? Après tant d’années coincés entre le solennel post-Batman de Nolan et la gaudriole permanente que sont devenus les Avengers, les super-héros ont bien le droit de retrouver un peu de cette saveur optimiste et de cette aura kitsch héritées des comics. Ainsi, le Superman de James Gunn souhaite faire le bien pour le bien, s’attache à ne tuer personne, et prend le temps, même en plein combat, de sauver un écureuil en mauvaise posture ou un chien trop maladroit.

Cette approche résolument old-school, presque anachronique, octroie au film sa singularité et son charme, mais aussi ses principales faiblesses. Entre le généreux et le foutraque, il n’y a qu’un pas et si on salue James Gunn pour sa volonté de divertir, il est clair que son Superman en fait trop, surtout au vu de son statut d’introduction. Il y a trop de personnages, trop de péripéties, trop de mauvais effets spéciaux aussi - une constante chez Gunn, cinéaste dont l’appétit pour la laideur était déjà visible dans ses Gardiens de la galaxie et son Suicide Squad.
Le premier à encaisser le revers de cette dispersion, c’est évidemment Superman lui-même, au point qu’on a parfois l’impression que le héros est dépossédé de son propre film. C’est particulièrement visible pour le versant politique du scénario : en matérialisant une situation de guerre proche de celles en Ukraine et en Palestine, Gunn tente, et c’est tout à son honneur, de résonner avec notre réel. Malheureusement, si le récit expose dans un premier temps ces conflits avec une certaine acuité - un long et bel échange entre Lois et Clark - le film néglige par la suite ces enjeux, répondant par la candeur à chacune de ses problématiques. Comme souvent avec les films de super-héros, la profondeur est balayée au profit d’un déluge d’action - ici, particulièrement peu convaincant, hélas - et de références geeks. D’où l’impression de voir un Superman très Superficiel, malgré l’interprétation investie de David Corenswet.

Reste maintenant à déterminer si cette cuvée de Superman va performer au box-office et s’il s’agit bel et bien de l’avènement d’un nouveau DC Universe ou simplement d’un énième coup dans l’eau pour Warner, qui n’hésitera sans doute pas à rétropédaler si échec il y a. Dans tous les cas, l’enthousiasme n’est pas de mise.
Réalisé par James Gunn (États-Unis - 129 minutes) avec David Corenswet, Rachel Brosnahan, Nicholas Hoult