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Photo du rédacteurJulien Del Percio

Critique : Ant-Man and The Wasp Quantumania, de Peyton Reed

Little Big Planet


© Disney

Très éloignées des affrontements mythologiques de Thor ou des menaces intergalactiques contrées par Captain Marvel, les deux premières aventures d’Ant-man s’étaient distinguées par leur modestie, davantage portées par l’humour de Paul Rudd et l'amusant concept du rétrécissement que par des scènes d’action épiques. C’était sans compter sur ce Quantumania, qui entend bien remettre l’homme-fourmi au centre des enjeux cosmiques du Marvel Cinematic Universe. Premier film de sa Phase 5, ce troisième volet a la lourde tâche d’introduire au cinéma le nouvel antagoniste de la saga : Kang le Conquérant. Exit donc les petits braquages des épisodes précédents, Ant-man et la Guêpe se retrouvent cette fois-ci au cœur d’un espace inter-dimensionnel afin d’empêcher ce nouvel ennemi de détruire tous les univers parallèles. Sacré programme pour de si petits héros.


Comme son titre l’indique, le Royaume quantique est au cœur de l’intrigue de cet opus. L’occasion pour le réalisateur Peyton Reed et son équipe artistique de développer un tout nouvel univers graphique. Si les effets spéciaux sont moins impressionnants que dans les récents Star Wars ou Dune - autres blockbusters proches du space opera - ce troisième opus se démarque tout de même par une direction artistique délicieusement kitsch, prolongeant l’esprit pulp et bariolé vu dans le Thor Ragnarok de Taika Waititi (2017). Avec son bestiaire grotesque et ses environnements absurdes, Quantumania propose donc une aventure nettement plus stimulante que les décors urbains et grisâtres des deux premiers épisodes.


Au milieu de ce nouveau monde, le personnage de Kang tire indéniablement son épingle du jeu. Interprété avec intensité par l’acteur Jonathan Majors (The Last Black Man in San Francisco, Creed III), sa présence vampirise le long-métrage et chacune de ses apparitions amènent le récit vers des rivages plus tragiques qu’à l’accoutumée. Malheureusement, les ambitions de Quantumania se heurtent régulièrement aux impératifs de la formule Marvel. Aussi convaincant soit-il, Kang semble parfois sorti d’un autre film, tant le sérieux de sa quête tranche avec le ton très léger du récit, qui désamorce systématiquement ses enjeux par des gags. Tiraillé entre le space opera grandiose et la blague facile, Quantumania refuse de choisir et cette indécision l’empêche de transcender son postulat. De plus, le long-métrage traîne d’autres défauts récurrents de la saga, comme des personnages secondaires sous-écrits - ici la Guêpe, qui est pourtant dans le titre du film - et une intrigue trop dépendante de facilités d’écriture grossières.


À l’arrivée, ce troisième volet risque de laisser le public dans un entre-deux. D’un côté, on pourra légitimement se divertir devant un spectacle amusant, bien rythmé et qui a la décence de se conclure en 125 minutes, là où certains blockbusters récents se sentent obligés de frôler les trois heures de métrage (The Batman, Black Panther 2, The Eternals). De l’autre, on est en droit d’être déçu qu’autant de moyens soient mis à disposition d’un récit aussi conventionnel et peu audacieux. Le grand divertissement attendu sera certainement pour la prochaine fois… comme d’habitude.




RÉALISÉ PAR : PEYTON REED

AVEC : PAUL RUDD, EVANGELINE LILLY, JONATHAN MAJORS

PAYS : ÉTATS-UNIS

DURÉE : 125 MINUTES

SORTIE : 15 FÉVRIER


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