Knockin' on Heaven's Door
Dire que la carrière de M. Night Shyamalan a été en dent de scie est un euphémisme. Érigé comme l’héritier de Steven Spielberg à l’aube des années 2000 grâce aux triomphes successifs de Sixième Sens (1999), Incassable (2000) et Signes (2002), le cinéaste a ensuite connu d’importants échecs artistiques et critiques avec les grosses productions Le Dernier Maître de l’air (2011) et After Earth (2013). Depuis cette débâcle, Shyamalan est revenu à des budgets plus modestes, sans tout à fait parvenir à renouer avec les sommets des débuts, malgré des concepts souvent séduisants (Glass, Old). Le point de départ de Knock at the Cabin avait également de quoi intriguer. Alors qu’ils sont en vacances dans les bois, un couple et leur fille sont séquestrés par quatre mystérieux assaillants qui leur imposent une bien curieuse requête : sacrifier un membre de leur famille afin d’éviter une apocalypse imminente…
M. Night Shyamalan n’est jamais aussi bon que lorsqu’il resserre son récit. Avec ses airs de huis-clos, le long-métrage offre un parfait terrain de jeu pour le cinéaste où il démontre l’étendue de son talent dès l’introduction. Les vingt premières minutes sont parfaitement exécutées, avançant avec virtuosité d’un simple dialogue entre une petite fille et un inconnu jusqu’à un home-invasion très tendu où les individus tentent par tous les moyens de forcer l’entrée de la cabane.
Si Knock at the Cabin joue indéniablement la carte du suspens, on comprend rapidement que le véritable cœur de son intrigue est ailleurs. Contraints de dialoguer avec des geôliers qui semblent persuadés que leur entreprise macabre a pour but de sauver le monde, les personnages principaux se retrouvent face à un dilemme récurrent dans le cinéma de Shyamalan : choisir ou non de croire, d’avoir la foi. Dès lors, le film met en place un véritable débat idéologique, où la croyance en l’hypothétique fin du monde devient le moteur du récit et le point névralgique à partir duquel tous les personnages vont se révéler.
Knock at the Cabin n’est pas exempt de failles :le film a du mal à maintenir sa tension sur la durée et l’écriture de Shyamalan manque de subtilité dans ses aspects plus mélodramatiques. Cependant, le long-métrage demeure une proposition ambitieuse et stimulante, surtout en ce début d’année un peu chiche en cinéma fantastique. On saluera particulièrement l’interprétation de Dave Bautista en tant que meneur des agresseurs. L’ancien catcheur, connu pour des rôles généralement physiques (Drax dans Les Gardiens de la Galaxie), incarne ici un personnage étonnamment ambigu, à la fois glaçant dans sa détermination inébranlable et émouvant dans ses fragilités.
RÉALISÉ PAR : M. NIGHT SHYAMALAN
AVEC : DAVE BAUTISTA, JONATHAN GROFF, RUPERT GRINT, KRISTEN CUI
PAYS : ÉTATS-UNIS
DURÉE : 100 MINUTES
SORTIE : 1er FÉVRIER
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