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Photo du rédacteurJulien Del Percio

Critique : La Montagne, de Thomas Salvador

Le souffle des hauteurs

© Athéna Films

C’est l’histoire de Pierre, un homme de la ville qui fait un petit tour en haute montagne et qui décide, subitement, sans raison apparente, de rester là. Sa famille ? Il n’en a pas. Son travail ? Peu importe. Comme pour répondre à un désir que nous avons toutes et tous déjà ressenti, Pierre décide simplement de tout plaquer et de ne plus redescendre des hauteurs dans lesquelles il se sent étrangement bien. Contrairement à bon nombre de films où la nature adopte le rôle de simple décor, la montagne du film de Thomas Salvador apparaît rapidement comme la seule et unique finalité du récit.


Dès lors, il s’agira tout simplement d’explorer. La Montagne évacue tout discours sociologique appuyé et se refuse à livrer une simple opposition entre urbanisme et campagne. La théorie n’intéresse pas le réalisateur et l'intérêt de son film réside avant tout dans le pèlerinage vertigineux de son héros, que Thomas Salvador incarne d’ailleurs lui-même avec un certain flegme. Comme Pierre est incapable de justifier la raison de sa lubie, l’intrigue se passe fréquemment de mots. Le cinéaste se plaît alors à propager une étrange atmosphère, notamment à travers de longues scènes silencieuses où son personnage va arpenter les roches escarpées, se perdre dans les cavités les plus sombres ou explorer les plaines enneigées.


Nous suivons le protagoniste dans sa quête muette, à la recherche d’un je-ne-sais-quoi de plus qui semble se terrer dans les soubassements de la roche et le bruissement des feuillages. La mise en scène vise une certaine sobriété, faisant la part belle aux plans fixes où la silhouette de Pierre est engloutie par l’immensité des décors. La musique est rare, réservée à une poignée de moments révélateurs. Même la relation entre Pierre et le personnage joué par Louise Bourgoin déjoue les attendus de la romance pour tendre vers une forme de compréhension mutuelle libérée de tout dialogue.


Le basculement vers le fantastique se réalise sans rupture de ton ni volonté d’effroi. La Montagne dévoile doucement ses véritables secrets et verse finalement dans le merveilleux, comme pour récompenser son personnage et son public d’avoir persévéré dans cette recherche incertaine et exigeante. À ce titre, le film offre dans sa dernière partie son lot de visions particulièrement fascinantes, proches du cinéma expérimental et de l’art abstrait. Si le long-métrage ne parlera pas à tout le monde, les personnes plus sensibles à sa démarche mystique y trouveront quelque chose de précieux en ces temps pressés : de quoi souffler, juste un moment.



RÉALISÉ PAR : THOMAS SALVADOR

AVEC : THOMAS SALVADOR, LOUISE BOURGOIN

PAYS : FRANÇAIS

DURÉE : 115 MINUTES

SORTIE : 1er FÉVRIER



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