La Femme de ménage : thriller domestique au glamour daté
- Laïss Barkouk
- il y a 2 jours
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Habitué des comédies déjantés (Bridemaids, The Heat, Spy), le réalisateur Paul Feig signe son film le plus sombre avec l'adaptation du best-seller de Freida McFadden. Millie, ex détenue sans abri, décroche un job inespéré : être la femme de ménage à domicile pour la riche famille Winchester Rapidement, le rêve s'effrite et laisse place à une spirale de secrets, de manipulations et d'abus en tout genre.
Thriller domestique dopé à l’humour noir, La Femme de ménage tient sa force principale de ses deux actrices vedettes. Le duo que forme Amanda Seyfried (Nina Winchester) et Sydney Sweeney (Millie) fonctionne. La première joue dans la retenue, l’autre dans une spontanéité déstabilisante. Ensemble, elles offrent aux spectateurs le jeu de tension, de mystère et de séduction qui donne au film tout son intérêt dramatique. L'esthétique léchée de la photographie du film – cadres soignés et couleurs saturées – et son montage nerveux donnent au récit un élan presque euphorisant. On sent la volonté de dynamiser un univers pourtant très balisé : l’intérieur bourgeois, les secrets dans les placards et les non-dits qui s’effritent. Le résultat est énergique, divertissant. Malgré ça, le film reste à mi-chemin entre pastiche et sérieux.

Le scénario, signé Rebecca Sonnenshine (The Boys, The Vampire Diaries), reste fidèle au roman à succès, mais c'est un bien autant qu'un mal. Car si l'adaptation est solide, elle hérite aussi de toutes les faiblesses du matériau d’origine. La Femme de ménage déçoit par sa propension à dérouler des ficelles narratives grosses comme la maison qui habrite l'action. Les rebondissements s’annoncent à des kilomètres, les twists tombent souvent à plat et le film ne surprend réellement que dans son dernier acte.
Certaines scènes semblent tout droit sorties d'un thriller psychosexuel des années 2000 avec son lot de stéréotypes : la fille canon qui s'enlaidit avec des lunettes, le beau mari ténébreux trop gentil pour être vrai et le jardinier "creepy" qui se révèle allié. Faux-semblants, regards en coin devant des miroirs trop propres, séquences érotiques stylisées jusqu’à l’artifice : le clin d'œil kitsch est assumé, mais l’ironie, elle, manque de mordant. Plaisir coupable de fin d'année, La Femme de ménage est un blockbuster lisse, joliment emballé, qui ne gratte rien et choque à peine.
