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Arco : le nouvel immanquable de l'animation française

Dernière mise à jour : 28 oct.

Entre fable écologique et réflexion sur l’écoulement du temps, Arco brosse le rêve d’un futur tantôt terrible, tantôt radieux, selon l’angle duquel on l’observe. 


© Belga Films
© Belga Films

Parents holographiques, robots nounous et monde en proie à de violentes tempêtes, c’est dans ce futur qui est néanmoins son passé que débarque le jeune Arco. Voyageur temporel illicite – dans son futur, plus lointain encore, ce type de périple est réservé aux douze ans et plus – atterri là par erreur, Arco va se lier d’amitié avec la jeune Iris en mal d’amitié et d’attention, elle qui n’a pour confidents que son robot domestique et son bambin de frère. Iris, qui se lie rapidement d'amitié avec Arco, va tout faire pour l'aider à rentrer chez lui, à travers l'espace-temps. Et ce, malgré de nombreuses embûches, et un étrange trio qui semble poursuivre le jeune voyageur et guetter ses moindres faits et gestes.


Et nous, dans tout ça ? Qu’en est-il de notre humanité ? En parlant de ce futur, ou plutôt de ces futurs, Ugo Bienvenu (et son co-scénariste et producteur Félix de Givry) parlent inévitablement de notre présent bien réel, où les effets du dérèglement climatique s’expriment de plus en plus violemment tout en se heurtant au silence et à l’inaction des puissants. Ce nous, cette humanité en détresse, on la retrouve aussi en filigrane dans ce duo d’enfants aux prises avec une planète parcourue d’orages démentiels et de méga-incendies. Dans ce futur peut-être pas si fictionnel où les nantis de l’espèce humaine vivent dans des banlieues pavillonnaires protégées des éléments par des bulles entre sanctuaires et prisons, Arco vient nous rappeler que la promesse de lendemains meilleurs passe évidemment par l’enfance, et sa capacité en l’espoir.  


© Belga Films
© Belga Films

En découvrant ces forêts tranquilles et ces paysages grandioses accompagnés de mélancoliques symphonies (signées Arnaud Toulon), difficile de ne pas penser aux univers d’Hayao Miyazaki, mètre étalon de la nature au cinéma. Mais en apportant sa “French Touch” au projet (coproduit par Natalie Portman), Ugo Bienvenu donne à Arco une autre résonance, un angle plus terre à terre qui se détache de l’onirisme pour évoquer l’ici et le maintenant. Un trait tantôt réaliste, tantôt lyrique, qui gagne en profondeur et en style au fur et à mesure que se dévoilent les implications de cet atypique voyage temporel jusqu’au bout de l’arc-en-ciel. Une odyssée du futur où derrière les nuages se cache l’espoir d’un demain meilleur, et qui se plaît à remettre en question notre rapport au temps qui passe, immuable.


© Belga Films
© Belga Films

Début septembre, un journaliste du magazine Télérama signalait son étonnement face à la sélection d’Arco dans la shortlist des films qui pourraient représenter la France aux Oscars, “parce qu’il s’agit d’un film d’animation”. La vraie surprise, c’est qu’on s’étonne encore du potentiel de ce médium, qui a pu prouver de maintes fois la portée universelle de sa puissance narrative et évocatrice. 


Arco, au même titre que Flow, ou qu’Amélie et la métaphysique des tubes, est une œuvre complète, puissante et plurielle. Un film entier et unique à bien des égards, avant d’être “réduit” au statut – encore enfantin ou réducteur pour certains – de film d’animation. Peu importe sa forme, le cinéma raconte nos histoires. Et celle-ci devrait, à l’instar de son protagoniste, traverser le temps.



Avec Oscar Tresanini, Margot Ringard Oldra, Swann Arlaud, Vincent Macaigne, Louis Garrel. France/États-Unis, 82 minutes


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