Avatar : Fire and Ash est-il le début de la fin pour la saga ?
- Simon Lionnet
- il y a 20 heures
- 4 min de lecture

Trois ans après The Way of Water, suite attendue pendant plus d’une décennie après un premier épisode de tous les records, James Cameron retrouve sa saga fantastique avec Avatar: Fire and Ash. Doté d’un budget estimé à près de 400 millions de dollars, le réalisateur de Titanic continue sa fresque dantesque avec une suite aux allures de version 2.5 qui frustre autant qu’elle épate.
Retour sur Pandora à la suite de la bataille finale du précédent volet qui plonge la famille Sully dans le deuil de Neteyam, le fils aîné. Au centre de ce chaos, Jake (Sam Worthington) oscille entre une autorité familiale influencée négativement par son passif de militaire pour protéger sa famille tout en essayant de respecter la liberté de ses membres; Lo’ak (Birtain Dalton) porte la culpabilité de la mort de son frère tandis que sa mère Neytiri (Zoe Saldaña), rongée par le chagrin bascule peu à peu dans une haine vengeresse à l’encontre des humains qui la pousse à rejeter Spider (Jack Champion), enfant sauvage intégré à la famille mais fils biologique de l’assassin de son fils (le commandant Miles Quarritch, campé par Stephen Lang). En plus d’être confrontés à l’invasion des “hommes venus du ciel” - la RDA-, les Sully vont cette fois-ci devoir affronter une menace inédite issue de leur propre planète à travers les Mangkwan (le peuple des cendres), une violente tribu na’vi réfractaire à la mythologie d’Eywa, menée par la charismatique et terrifiante Varang (Oona Chaplin).

Contrairement au saut d’une dizaine d’années entre les deux premiers épisodes, James Cameron reprend directement le récit après les événements de The Way of Water. Une temporalité qui dénote par rapport à celle qui espaçait les deux premiers épisodes, éloignés, eux; d’une dizaine d'années. L’intention n’est donc plus l’émerveillement de la découverte d’un nouveau biome comme l’était son prédécesseur - parfois proche du documentaire animalier - mais au développement de personnages traqués et sujets à la destruction de leur espèce et de leur environnement. Selon les récentes déclarations de son réalisateur, les évènements de Fire and Ash devaient initialement se retrouver dans le second épisode et il faut dire que ça se ressent.
Comme un remake de ce dernier (d’où les nombreuses comparaisons Star Wars VI: Le retour du jedi et Pirates des Caraïbes: Jusqu’au bout du monde) , ce troisième voyage sur Pandora retrouve les thématiques originelles de la saga - impact de la colonisation et de la crise climatique, connexion émotionnelle et spirituelle à la nature contre la violence technologique et l’expansionnisme humain, réflexion autour de la cellule familiale - et fait de sa gestion du deuil son fil conducteur. Malheureusement, Cameron se repose sur ses acquis narratifs et peine à développer ce qui aurait pu relever l’intérêt général de cet épisode aux airs de conclusion. Que ce soit dans l’exploitation du personnage de Varang et de son peuple, aussi fascinants et terrifiants au premier abord, mais délaissés au fur et à mesure que le film avance ou le développement du personnage de Quarritch, véritable personnage miroir de Jake Sully, et sa collaboration avec les Na’vispour assurer la potentielle victoire de son espèce, Fire and Ash semble toujours tenir les rênes pour préparer d’éventuelles suites.

Un défaut d’autant plus dommageable que ce troisième opus parvient ici à insuffler une émotion encore inédite dans la saga. De l’introduction où Lo’ak vole à dos d’Ikran aux côtés des souvenirs de son frère grâce à Eyram, au traitement du rôle de Spider au sein de la famille Sully ou aux tourments de Neytiri pour dépasser la colère qui l’habite, James Cameron installe une gravité palpable dans la suite d'événements auquel est confronté ses personnages, bien aidés par des prestations qui ont gagné significativement en qualité au fil des épisodes et une violence bien plus présente. On se retrouve donc un peu le cul entre deux chaises, entre un investissement émotionnel grandissant et une morale simple mais traitée par-dessus la jambe, pas aidée par une paire de dialogues qui frôlent le rire involontaire. Pas de quoi abîmer le film dans son ensemble, mais après plus de neuf heures de développement en comptant l’ensemble de ces aventures, on est en droit d’en attendre plus qu’une presque fausse conclusion aux allures d’épisode de transition (ce qui était déjà le cas du précédent).
Mais là où Cameron frappe fort, c’est dans son sens du spectacle qui ne cesse de se surpasser d’un film à l’autre, quitte à (presque) faire pardonner les défauts cités plus hauts. Pandora explose encore une fois l’écran grâce à une maîtrise totale de la technologie utilisée. Littéralement chaque aspect (3D, motion capture, textures, lumière) confirme que le roi du box-office atteint un nouveau sommet d’immersion. Citant explicitement Mad Max: Fury Road dans une impressionnante scène d’attaque aérienne contre un convoi de montgolfières où Varang asperge un de ses combattants de liquide inflammable, Cameron assure une fluidité de l’action dans chaque instant grâce à un montage d’une précision remarquable. Une lisibilité qu’il opère dans le chaos homérique d’une dernière heure dantesque où l’on passe des airs, à la terre, à la surface de l’eau ou en dessous d’elle dans des proportions qu’on avait certainement pas observé depuis le film de George Miller, si ce n’est jamais.



