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Critique : Le consentement de Vanessa Filho

Anatomie d’une emprise

© Anga Productions

Vanessa Filho nous avait déjà offert une histoire de lien déchirant avec son film Gueule d’ange. À croire que l’autrice aime explorer la fusion sous toutes ses coutures, avec le don de ne jamais juger ses personnages, de les laisser éclore, entiers. Avec Le consentement, adaptation du récit éponyme de Vanessa Springora, la cinéaste réitère cette prouesse, en abordant cette fois le thème de l’emprise, avec justesse, pudeur et recul. Le défi semblait pourtant difficile à relever (comment raconter une telle histoire sans se l’approprier, sans la voler à la victime ?), mais le long-métrage arrive à parfaitement traduire la confusion et la complexité des sentiments adolescents. Il réussit également à nous glacer sans pour autant surenchérir sur les aspects les plus sombres de la liaison entre la jeune Springora et le pédophile Gabriel Matzneff, alors écrivain réputé.


Le film repose sur l’acuité de la cinéaste mais également sur un trio d’acteurs plus que convaincants dans leur rôle : Jean-Paul Rouve est une révélation dans la peau d’un manipulateur cynique, Laetitia Casta incarne brillamment une mère seule dont on ne sait dire si elle est complaisante par lâcheté ou elle-même si vulnérable qu’elle subit également une forme d’emprise. Le trio est complété par Kim Higelin qui crève l’écran en adolescente fragile, dépossédée d’elle-même.


La puissance du Consentement est de traduire un vécu sans le confisquer. Comme le livre qu’il adapte, il se concentre surtout sur une mécanique et le contexte qui l’a facilité, permettant à cette prison psychique de grignoter la jeune fille, que l’on voit disparaître, mourir à petits feux. Ce que l’on voit, c’est un auteur protégé, choyé, acclamé à qui l’on passe tout y compris l’impensable. On saisit alors que l’impunité dont jouit le prédateur repose sur une mécanique collective qui sacrifie presque tout sur l’autel de la renommée.


RÉALISÉ PAR : VANESSA FILHO

AVEC : KIM HIGELIN, JEAN-PAUL ROUVE ET LAETITIA CASTA

PAYS : FRANCE / BELGIQUE

DURÉE : 118 MINUTES

SORTIE : LE 11 OCTOBRE

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