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Critique : Rodéo de Lola Quivoro

Une amazone comptemporaine

© Cinéart

« C’est bleu par terre, c’est beau, on dirait que c’est brûlé ! » s’exclame le petit Kylian émerveillé dans un ancien entrepôt de bateaux. Ce constat enfantin, presque poétique, pourrait à lui seul résumer le projet cinématographique de *Rodéo*, le premier long métrage de Lola Quivoron, récompensé du Coup de Cœur du Jury d’Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes. L’onirisme bleuté y côtoie la noirceur du réel dépeint. Entre ces deux états, le motif du feu se propage et se décline à l’écran, à l’instar de Julia qui voudrait « tout cramer » pour mieux se consumer, s’embraser et se libérer.


Plus qu’un film sur le cross-bitume, *Rodéo* est avant tout le portrait d’une « Inconnue » - au sein du gang des Bi-More comme aux yeux de la société. Vivant de combines et de vols, cette anti-héroïne, telle une « amazone » polymorphe, se transforme au gré des situations et des interactions. Portée par la physique fluide de l'actrice Julie Ledru, Julia échappe aux représentations d’une certaine vision de la féminité trop largement répandue dans le cinéma. Celle qui se dit « née avec une bécane entre les jambes » encaisse les coups, se venge seule et refuse de se conformer aux normes.


Même s’il laisse une place aux genres avec des visions fantastiques, un ballet motorisé et le braquage, *Rodéo* s’inscrit plus dans la veine du film social que dans l’action débridée. À ce titre, l’on peut regretter que la cinéaste cantonne certaines scènes de rodéo à une esthétique de clip (effets de ralenti, musique à la mode).


Ce que la réalisatrice réussit avec le plus d’habileté s’inscrit dans les rapports entre les personnages. Si la dynamique de groupe selon Quivoron n’évite pas les stéréotypes (notamment à l’endroit des populations marginalisées), la relation qui se noue entre Julia, Ophélie (Antonia Buresi) et son fils offre une bouffée d’évasion et des aspirations à un ailleurs qui fait figure d’échappatoire face à la violence machiste emprisonnante. À partir de ces doux espoirs, la résolution en deux temps de *Rodéo* ne peut que partiellement satisfaire.


RÉALISÉ PAR : LOLA QUIVORON

AVEC : JULIE LEDRU, YANIS LAFKI, ANTONIA BURESI, CODY SCHROEDER ET SÉBASTIEN SCHROEDER

PAYS : FRANCE

DURÉE : 105 MINUTES




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