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Critique de L'attachement, un film doux sans être mièvre

Raissa Alingabo Yowali M'bilo
L'Attachement de Carine Tardieu
© Cinéart

Tiré du roman L’intimité d’Alice Ferney, L’attachement nous fait rencontrer Sandra (Valeria Bruni-Tedeschi), une libraire célibataire, amoureuse de son indépendance. Son équilibre va être chamboulé le jour où sa voisine, Cécile, doit se rendre d’urgence à l'hôpital pour y accoucher, et lui confie son fils : Elliot. Cécile décède en donnant naissance à une petite Lucille. Alex, son compagnon, doit à présent s’occuper de bébé et d’Elliot qu’il a jusqu’ici, élevé comme son propre fils. Des liens forts naissent entre cette famille récemment endeuillée et leur étonnante voisine.


La simplicité du film de la réalisatrice Carine Tardieu est justement ce qui lui permet une certaine profondeur : en suivant ce microcosme qui s’invente de nouveaux repères, on plonge dans la complexité des liens, la fragilité des êtres et les métamorphoses douces. J’aimais déjà énormément la délicatesse de la cinéaste dans Du vent dans mes mollets, et j’ai retrouvé ici toute la tendresse et la subtilité qu’elle déploie dans ses films. Elle a la capacité de proposer de magnifiques tableaux des vies ordinaires et leurs fractures. Doux sans devenir mièvre, L’attachement dessine un parcours de guérison et les contours possibles des familles qu’on se choisit.

L'Attachement, de Carine Tardieu
© Cinéart

Les interprètes participent énormément à l’atmosphère générale de ce dernier long-métrage. Ils et elles incarnent chaque personnage avec une sensibilité juste et sans caricature. Pio Marmaï illumine la fébrilité de son personnage, ses failles et ses nuances ; quant à Raphaël Quenard, il apparaît moins exubérant que dans plusieurs de ses rôles mais tout aussi attachant. C’était surtout une réelle satisfaction de  re-découvrir Valeria Bruni-Tedeschi dont le personnage se fait une place dans cette constellation familiale hors-normes, en la laissant volontairement se dessiner et évoluer librement. Après avoir joué les mères toxiques, comme dans La ligne d’Ursula Meier, elle parvient, à mes yeux, à parfaitement épouser un rôle aux antipodes. L’actrice m’a surprise dans sa capacité à fendre une carapace induite par sa beauté froide, pour habiter un personnage à la fois généreux et aimant, qui s’ouvre peu à peu, tout en restant fidèle à ses choix et ses désirs.


Réalisé par Carine Tardieu (France, 105 minutes) avec Valerie Bruni Tedeschi, Pio Marmaï.


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