Roofman : Channing Tatum en délinquant attachant
- Julien Del Percio
- il y a 2 jours
- 2 min de lecture
En apparence, Roofman ressemble à un nouveau feel-good movie avec Channing Tatum. L’affiche, d’un éclat jaune flahsy, nous dévoile l’acteur surmonté d’un gros ours en peluche sur les épaules, des lunettes de soleil et un pistolet dans la main droite. Mais quiconque a déjà vu les précédents films du cinéaste Derek Cianfrance - les mélancoliques Blue Valentine et The Place beyond the pines - peut néanmoins flairer la fausse piste.
Roofman s'inspire d’une histoire vraie : celle de Jeffrey Manchester, ancien militaire reconverti en braqueur de McDonald, qui s’échappa de prison après sa première incarcération pour…se réfugier dans un Toys 'R' Us pendant des mois, avant d’être de nouveau interpellé par les autorités.
Dans un premier temps, le film tire son charme du caractère insolite de cette trajectoire extraordinaire. De thriller criminel, Roofman bifurque vers la comédie - toute la découverte du Toy’R’Us ressemble à une version actualisée de Robinson Crusoé dans un magasin de jouets - avant de s’épanouir dans la romance avec l’apparition du personnage de Kirsten Dunst.
Mais en bout de course, c’est bien le regard doux-amer de Cianfrance qui l’emporte. Jeffrey Manchester a beau être dépeint comme un homme bienveillant - les victimes de ses braquages insistent souvent sur la gentillesse avec laquelle il a mené son crime et sa volonté de ne blesser personne -, le film n’hésite pas à le confronter aux conséquences réelles de ses actes, notamment lors d’un puissant climax tragi-comique. À ce titre, le choix de Channing Tatum s’avère opportun. Charmeur, jovial, le comédien apporte aussi une forme d'inconscience dangereuse, capturant avec justesse les contradictions d’un homme dont la générosité semblait entièrement assujettie à la société de consommation.
Avec Channing Tatum, Kirsten Dunst, Lakeith Stanfield. États-Unis, 126 minutes.
